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26 avril 2008 6 26 /04 /avril /2008 16:11

l Lanquais, Marquay    

 A partir du thème gaulois "caito-, ceto, cetion, cetia, cetum " (prononcer : kaito, keto, ketion etc…) définissant un bois, une forêt, François Falc'hun (1) fait aboutir ce terme à une forme moderne "quèze, quaix, ceze, cize etc…". Evolutions qui sont admises et confirmées par Xavier Delamarre dans son dictionnaire de la langue gauloise (2). Dans le dictionnaire topographique de la Dordogne du vicomte de Gourgues (3), plusieurs toponymes périgordins apparaissent comme dérivés de ce substrat gaulois. Leurs formes graphiques anciennes et la topographie des lieux corroborent fortement cette présomption étymologique.

Un lieu-dit situé dans la commune de Saint-Médard-de-Mussidan se profile comme un témoin précieux. Sa forme actuelle : le Bos de Quey, a tout l'aspect d'une tautologie si l'on considère que Quey découle d'une évolution du gaulois "caito-". En 1459, ce lieu portait le nom de "Casale de Quey", c'est à dire : la maison du bois. Le terme Quey n'étant plus compris depuis longtemps, au XIXe siècle, lorsque les habitants des lieux voisins ont voulu désigner le bois, ils ont changé casale par Bos, sans avoir conscience qu'ils créaient ainsi une redondance.

Cette forme aboutie Quey nous permet d'affecter à la série des dérivés du gaulois caito-, les noms Marquey, lieu-dit de la commune de La Douze qui désigne un bois de châtaigniers, Marquay, commune du canton de Sarlat (Maro+quay = le grand bois) et Lanquais commune du canton de Lalinde (Lano+quay = la plaine du bois). Le village de Marquay, qui se situe précisément dans ce que l'on appelle le Périgord Noir, la partie la plus boisée de notre département, est encore de nos jours entouré de bois très dense. Notamment au nord la forêt Barade rendue célèbre par Eugène le Roy dans son roman Jacquou le Croquant. Il en est de même pour Lanquais. Le village se situe à l'orée d'une forêt appelée justement Forêt de Lanquais.  

Albert Dauzat et Charles Rostaing (4), sont restés assez vague sur l'origine de Marquay. Chantal Tanet et Tristan Hordé le font dériver d'un nom de personne gallo-romain Marcasius, suivant en cela la thèse de d'Arbois de Jubainville qui a réduit la majorité de la toponymie française à des noms venant de domaines gallo-romains. Pour Lanquais, les deux auteurs du Dictionnaire des noms de lieux en Périgord (5) restent  sur la même ligne : du nom gallo-romain Linacus dérivé du latin Linus. Albert Dauzat pense que le nom est pré-latin sans donner plus de précisions.   Xavier Delamarre quant à lui, estime que l'évolution du gaulois " caito-, ceto, cetion, cetia, cetum "préconisait par François Falc'hun, semble valide phonétiquement. Dans ce cas, puisque la topographie forestière et la phonétique s'accordent, pourquoi ne pas admettre l'éventualité d'une influence de la forêt sur le nom de ces villages dont l'archéologie nous confirme qu'ils furent habités à l'époque antique. A Lanquais de nombreuses traces de forges gauloises ont été mises à jour au XIXe siècle par le vicomte de Gourgues. Il en est de même pour Marquay où en 1824, une forge gauloise est signalée par l'historien périgordin, J. De Mourcin (6). Il est clair que lorsque l'on parle de forges gauloises, leur implantation à proximité d'une forêt paraît être une évidence. Il n'y aurai donc rien d'étonnant à ce que le nom de la forêt soit resté fossilisé dans celui du village.  

 

C.B.

 

 Notes

1) Nouvelle méthode de recherche en toponymie celtique. Editions Armoricaines.

2) Editions Errance.

3 )Imprimerie Nationale. Paris. 1873.

4) Dictionnaire étymologique des noms de lieux en France. Librairie Guénégaud. 2e édition. 1978.

 5) Chantal Tanet et Tristan Hordé.  Editions Fanlac

6) Voir carte archéologique de la Gaules. La Dordogne. Hervé Gaillard.  

LANQUAI22.jpg

Le Château, Le Village dans la plaine à l'orée de la forêt  de Lanquais

 

Lanquais-Marquay.jpg

Situation des deux villages

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